Chers tous,

 

Vous n’êtes peut être pas sans savoir que l’association La Petite Rockette devait déménager de ses locaux actuels (6, rue Saint Maur 75011 Paris), car sa convention avec la Ville de Paris touchait à sa fin le 31 mai dernier.

 

La fin de cette convention doit entrainer un relogement des activités de l’association et de ses résidents. Malgré 2 années d’échanges fructueux avec le service du logement et des affaires sociales  de la Ville de Paris, le relogement semble plus que compromis.

 

L’association tient à rendre les clefs le plus vite possible (le 30 juin 2011) à la RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris), aujourd’hui gestionnaire des locaux afin que puisse commencer le plus tôt possible les travaux d’une prochaine Maison Relais (Accueil sans limitation de durée de personnes au faible niveau de ressources dans une situation d’isolement ou d’exclusion lourde et dont l’accès à un logement autonome apparaît difficile à court terme, sans relever, toutefois, de structures d’insertion de type CHRS). Nous ne saurions mettre en péril un tel projet.

 

A ce jour, une solution satisfaisante de nouveau local d’activité nous a été proposé puis immédiatement enlevé.

Nous sommes aujourd’hui de nouveau expulsables mais ne souhaitons pas rentrer en force avec l’autorité policière. Nous rendrons les clefs dans les délais (le 30 juin 2011) sans savoir où aller. Toutefois le combat n’est pas terminé, ces 6 années de travail social et culturel de quartier ne peuvent s’achever sans réaction.

Nous avons donc rédigé un courrier à Monsieur Bertrand Delanoë, Maire de Paris, afin qu’il tranche sur cette affaire.

 

Vous trouverez donc en copie cette lettre et un dossier numérique complet de l’association. Nous espérons que nous attirerons votre œil journalistique et vos  regards d’élus et de citoyens et que notre histoire prendra place dans vos articles respectifs et actions. Nous avons besoin de vous pour informer le public.

Un évènement public et marquant sera organisé hors les murs avec les utilisateurs, professeurs, voisins, résidents, bénévoles, salariés de l’association… le mercredi 22 juin après midi. Merci de nous donner vos disponibilités pour participer. Nous avons besoin de vous.

 

Bien à vous

Toute l’équipe de la petite Rockette

PJ : dossier complet numérique :

Courrier adressé au Maire de Paris, le 6 juin 2011

 

 

Association « La Petite Rockette »

6, rue Saint Maur

75011 Paris

Coordinatrice de l’association : Melle Terlizzi Delphine

) 06 13 03 71 50

delphine.terlizzi@free.fr                                                                                                                                                          Paris, le 6 juin 2011

                                                                                                             

 

 

Monsieur le Maire de Paris,

 

Je souhaiterais vous faire part de mon indignation, mon incompréhension et ma colère concernant la problématique de l’association que je représente « La Petite Rockette », située au 6 rue Saint-Maur, Paris 11ème.

 

Occupé depuis octobre 2005, ce bâtiment de 650m² anciennement propriété de l’état et maintenant propriété de la Ville de Paris abrite un collectif très actif. La Petite Rockette composée d’associations de quartier et de riverains, d’artistes plasticiens, de gens de théâtre et de la danse, de plus de vingt professeurs... travaille depuis plus de cinq années  à construire un outil de coopération artistique et sociale destiné non seulement à pallier au manque d’espace mais aussi à proposer au quartier un lieu citoyen d’échanges, de cohésion et de proximité ainsi qu’une antenne médico-psycho-sociale de Médecins du Monde

 

Après 6 ans de travail assidu, à 80% bénévole, 240 000 visiteurs et utilisateurs, 1200 compagnies, associations et groupement en tout genre, 110 expositions (étude réalisée en 2009)…, nous sommes aujourd’hui menacés de voir cet outil citoyen disparaître. En effet, l’association a obtenu deux ans de délai auprès du tribunal de Paris pour son sérieux et sa générosité, puis lorsque la ville de Paris est devenue propriétaire de l’immeuble,  son gestionnaire, la Régie Immobilière de la Ville de Paris (RIVP), a signé une convention d’exécution avec l’association, portant ainsi l’échéance au 31 mai 2011 (il y a 3 jours !). C’est donc sans surprise que la RIVP a entamé les démarches pour évacuer les lieux : coupure d’électricité le mardi 24 mai, coupure de gaz le jeudi 26, convocation au bureau des expulsions le 12 mai et visite d’un huissier de justice le 1er juin au matin.

 

En ces temps de disette sociale, où le mot rigueur tend à régir le quotidien, nous sommes en mesure de proposer gratuité, échange, liberté et disponibilité et en avons fait la preuve. Nous en avons fait un métier (4 salariés) et comme tout professionnel, nous souhaitons être reconnu pour la qualité du travail que nous avons accompli. Cette reconnaissance passe évidemment, et comme nous le sollicitons depuis longtemps, par l’attribution de nouveaux locaux dignes comme cela a pu nous être promis.

 

Fort du soutien, entre autre, du cabinet de Mr Bloche, maire du 11ème arrondissement, ont été portés au vote et adoptés en séance du Conseil de Paris des 7 et 8 juillet 2008, deux vœux (43 et 43 bis), stipulant je cite : « … la petite Rockette, (…) regroupe des artistes, des associations de quartier, des riverains et (mène) un travail important sur le plan artistique, culturelle, sanitaire et social et (…) a réussi à parfaitement s’inscrire dans le tissu local du 11ème arrondissement » ou encore « … que toutes les pistes possibles soient étudiées pour permettre à la Petite Rockette de bénéficier d’un lieu lui permettant de continuer à exercer ses activités… ». Nous nous sommes donc pris à espérer cette reconnaissance.

 

Débutèrent alors, plus de deux années de discussions, réunions, propositions et échanges en demi-teinte. Il est vite apparu que nos interlocuteurs appropriés et privilégiés seraient les cabinets de Mme Trotianski (affaires sociales) et Mr. Mano (Logement), respectivement pour nos actions d’intérêt public et pour la recherche de nouveaux locaux ; la direction des affaires culturelles, n’ayant pas jugé son implication nécessaire au-delà de sa simple présence à ces rendez vous.

 

Nous avons trouvé en les personnes de Mrs. Beliarde (cabinet de Mme Trotianski) et Steinfeld (cabinet de Mr Mano), des interlocuteurs attentifs et désireux de tenir les engagements de la mairie de Paris. En effet, le cabinet de Mme Trotianski a fait son possible pour la prise en charge sociale des résidents, proposant des réponses concrètes à la question du relogement en structure intermédiaire de quatre d’entre eux. Le relogement de tous (10 personnes) ayant reçu une fin de non recevoir de la part de la direction du logement. Le cabinet de J-Y Mano, très attaché à la parole donnée, s’est, avons-nous récemment appris, « battu » pour que l’engagement pris quant au relogement des activités de l’association soit respecté. Effectivement courant février 2011, des locaux situés dans le 10ème arrondissement auraient pu nous accueillir mais c’était sans compter les impératifs de sécurité liés à notre activité et aux fréquentations envisagées (problème d’unité de passage et d’accès pompier).

 

Le 18 mai 2011, nous apprenions que suite à une réunion en mairie centrale à laquelle assistaient entre autre votre cabinet, celui de Mr Mano et celui de Mme Trotianski, la Direction du logement et de l’Habitat, un bâtiment sis au (… adresse du lieu promis…) répondant en tous points à la fois aux exigences légales mais aussi à nos conditions d’exploitation, allait enfin nous être attribué à moins de 2 semaines de l’échéance.

 

Coup de théâtre, il y a quelques jours (le 27 mai), nous avons été informés que ce dernier serait finalement attribué aux migrants en nombre sur Paris depuis plusieurs semaines et que « la poignée d’artiste squatteurs » se contenteraient d’une centaine de mètres carrés de locaux sans eau ni électricité, dans un état de vétusté patenté (toujours selon nos informations), justifiant l’état de délabrement par la gratuité de l’espace.

 

Cet état de fait est tout simplement inacceptable et révoltant, nous ne sommes en aucun cas un rebut à caser « quelque part » sans discernement et sans analyse aucune d’un projet pourtant porteur (ci-joint). Cette forme d’irrespect est édifiante et nous nous élevons avec vigueur contre cette négligence offerte au travail réalisé au bénéfice de vos administrés.

Nous sommes aujourd’hui au pied du mur, avec comme seul choix celui de respecter nos engagements : libérer le 6 rue Saint-Maur et permettre à la RIVP d’engager les travaux nécessaires à sa transformation en Maison-relais, projet qui nous tient à cœur (nous avions d’ailleurs répondu à l’appel d’offre). Nous sommes des gens de parole, emprunt d’un véritable souci de l’intérêt commun.

Aujourd’hui les données sont simples et nos attentes claires :

 

1.       Nous sommes expulsables depuis le 1er juin et comme envisagé, nous remettrons les clefs du 6 rue Saint-Maur avant le 30 juin.

2.       Nous exigeons que le (… adresse du lieu promis…)  nous soit comme prévu affecté et dans les meilleurs délais, de façon à ce que nous puissions envisager notre déménagement de manière sereine et constructive. Des milliers d’utilisateurs sont dans l’attente.

3.       Nous vous rappelons que conformément à nos plans de financement, nous sommes en mesure de nous acquitter des charges inhérentes à l’exploitation des locaux (fluides, assurance…) et que nous avons proposé de régler un loyer pour leur occupation, certes en deçà des prix du marché, mais loin d’être incohérent avec d’autres expériences du type sur Paris.

4.       Ces locaux ne seront pas seulement destinés à l’activité existante de l’association mais aussi à la mise en place d’une Ressourcerie/recyclerie, atout certain pour l’agglomération parisienne, s’inscrivant dans le cadre du développement durable cher à la politique écologique de la ville et sollicité par les riverains.

5.       Nous rappelons aussi que quatre emplois sont en jeu et que la création de cinq postes supplémentaires (dont trois en insertion) est envisagée au profit du projet de Ressourcerie.

6.       Nous ne demandons ni financement direct, ni faveur, ni passe droit, simplement les locaux promis pour faire vivre une action d’intérêt général et dont nous sommes les instigateurs depuis près de 10 ans.

Souhaitez vous participer du « Grand Guignol » de la politique actuelle, pleine de promesses et de poudre aux yeux, ou vous inscrire dans une démarche de service public, d’élu du peuple parisien, par et pour une politique juste, de proximité, tournée vers les besoins réels de vos administrés ?

La politique est principalement ce qui a trait au collectif, à une somme d’individualités et de multiplicités. Nous ne sommes pas quantité négligeable, nous sommes partie de ces individualités. Nous ne sommes pas des « artistes squatteurs », comme certains aiment à nous réduire, nous sommes les acteurs sociaux conscients et engagés d’une vie de la cité avide de changements, d’humanité, d’évolution, où l’intelligence sociale à l’échelle locale prend le pas sur l’écrasante tendance à l’uniformatisation, et la pratique déraisonnable d’un pouvoir élitiste, excentré  des préoccupations du citoyen lambda.

 

Nous pensons qu’aujourd’hui, il est facile de considérer que nos actions qualifient en quelques sortes une « délégation de service public », sans qu’il n’ait été nécessaire d’établir de contrat et mieux encore sans une quelconque rémunération liée aux résultats d’exploitation.

 

Nous faisons donc appel à votre arbitrage, et sommes sûrs de trouver chez vous, Monsieur le Maire, une oreille attentive. Nous vous savons impliqué et fervent défenseur du tissu associatif et social de notre cité et plaçons en vous l’ultime recours, l’ultime espoir, à la pérennisation de toutes ces années de travail.

 

Il y a URGENCE.

 

Nous vous prions de croire, Monsieur le Maire, en l’expression de nos sentiments les meilleurs.

 

                                                                                                                                                                                                            La Petite Rockette

 

Sommaire du dossier numérique annexe à la lettre (cliquez ici : http://dl.free.fr/jZsH0BeP2)

 

1.       Projet global / dossier de presse

 

2.       Projet Social

 

3.       Bilans d'activité 2010

 

4.       Compte de résultat 2009 et 2010 et budget prévisionnel 2011

 

5.       Projet d’extension d’activité : la Ressourcerie de la Petite Rockette

 

6.       Agrément Jeunesse et Education Populaire

 

7.       Affiliation Ligue de l'enseignement

 

8.       Vœux (43 et 43 bis) des 7 et 8 juillet 2008

 

9.       Convention d'exécution entre La Petite Rockette et la RIVP

 

10.   Vœu des 12 et 13 mai 2009 de J-Y Mano relatif à l’utilisation des locaux provisoirement vides de la ville de Paris

 

11.   Assurance des locaux et de l'association

 

12.   Liste des réunions entre la Petite Rockette et la Mairie de Paris

 

13.   Avis d'instruction d'expulsion

 

14.   Rapport Médecins du Monde : consultation expérimentale de réduction des risques socio-sanitaires à La Petite Rockette (2005-2010)

 

15.  Statuts de l'association (redéfini en 2010)

 

 

Écrit le 22/06/2011 par lamad 
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